Silver 2 by Kerstin Gier

Auteur:Kerstin Gier [Gier, Kerstin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Chapitre 18

En réalité, ce n’était pas une patte géante mais la mignonne petite patte de Spot qui me tapotait la joue. Le matou ronronnait sur ma poitrine. Je lui étais si reconnaissante de m’avoir sortie de ce rêve que je ne le grondai même pas. Au contraire, je le grattouillai sous le menton en attendant que mon pouls se calme. J’avais un gros nœud dans la gorge parce que les larmes versées en rêve s’y étaient accumulées. Mais je savais que céder à l’envie de pleurer signifierait rompre une digue et que je ne pourrais plus m’arrêter. Je m’efforçai donc de me concentrer sur le ronronnement rassurant de Spot et de ne plus penser à rien.

Spot n’était pas venu pour se faire grattouiller. Il me donna une autre tape sur la joue, une claire invitation ou un rappel à l’ordre.

— Comment es-tu entré ici, mon chaton ?

Je le posai prudemment sur le plancher, allumai la lampe de chevet et me levai. Quelqu’un avait dû ouvrir ma porte car j’étais certaine de l’avoir fermée avant d’aller me coucher.

— Tu sais ouvrir les portes maintenant ?

Spot se frotta à mes jambes en ronronnant. Je jetai un œil au réveil. Trois heures et demie. Le matou voulait sans doute sortir pour son habituelle chasse nocturne à la souris.

Normalement, Grayson s’en chargeait (et débarrassait aussi le paillasson du campagnol mort que Spot ne manquait pas de nous rapporter), mais aujourd’hui Spot avait dû me choisir comme portier.

— Allez, viens ! dis-je.

Il m’attendit devant l’escalier tandis que je vérifiais que Mia dormait tranquillement dans son lit (ce qui était le cas). En bas, dans la cuisine, je lui ouvris la porte de la terrasse. Comme toujours, il prit alors son temps et fit sa toilette tandis que, frigorifiée, je dansais d’un pied sur l’autre en commençant à me transformer en glaçon. Je le regardai pourtant partir avec regret quand il se mit enfin en route. Sa présence avait eu quelque chose de consolant. Ou du moins m’avait distraite. Si je retournais me coucher, je reverrais aussitôt les scènes du rêve, j’en étais à peu près certaine : Henry qui laissait tomber son peignoir de bain et se plongeait dans le jacuzzi, son sourire à B, sa voix grave disant : « Une femme comme toi ne devrait jamais se laisser maltraiter. »

Une femme comme toi... Au lieu de regagner mon lit, je me rendis dans la salle de bains et me plantai devant le miroir. Une femme comme toi. Évidemment, sans lunettes ni lentilles de contact, je ne voyais pas très bien, mais je savais que je ne pouvais pas soutenir la comparaison avec B. J’étais tout le contraire de belle, adulte et sexy. Pitoyable, à vrai dire.

Aussitôt me revinrent en mémoire les méchancetés que Secrecy avait écrites, les commentaires de mes chers camarades de lycée. Peut-être avaient-ils raison de penser qu’Henry et moi n’avions pas encore couché ensemble parce que j’étais trop puérile et trop immature pour lui.

Le contraire de désirable.

Soudain, sans prévenir, les larmes se mirent à couler, et Spot n’était plus là pour me consoler.

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